Pisteurs secouristes : les anges gardiens des pistes
Un titre un peu angélique certes mais finalement qui colle assez bien à la réalité.
Sachez qu’en cas d’accident, le temps d’intervention de ces secouristes à ski n’excède guère les cinq minutes: vigies de la montagne, sentinelles, Saint Bernard, pompiers des neiges? Mais qui sont-ils ces hommes et ces femmes familiers mais finalement si peu connus?
Les piliers du métier : prévenir, entretenir et secourir
L’ensemble des stations françaises embauche chaque hiver entre le 1er décembre et fin avril (pour les plus chanceux) environ 2500 pisteurs exerçant leur activité sur les pistes de ski alpin et de fond. L’activité du pisteur repose sur trois missions qui sembleront pour le profane assez simples: l’entretien, la prévention et bien entendu le secours. Le côté «Alerte à Malibu» transposé à la neige ne représente guère que 5% du travail. Et c’est tant mieux! Preuve que la sécurité en amont a été correctement assurée!
Des patrouilles avant l’ouverture
Avant l’ouverture au public, le pisteur effectue une patrouille souvent en solitaire, faute d’effectif et remet en place le balisage déplacé, redresse un filet, ré-aligne correctement les jalons au bord des pistes. Il veillera à prévenir les dangers éventuels: un caillou sorti du manteau neigeux, une coulée perfide prête à débouler sur les skieurs, vérifiera l’état du damage… autant de points qui valideront l’ouverture d'une piste. Mission ô combien délicate quand des centaines de skieurs, les spatules frémissantes, attendent le feu vert! Cette patrouille dont rêveraient bien des skieurs est de la plus haute importance car elle conditionne la sécurité de milliers de personnes. Le pisteur garde donc l’œil grand ouvert et le bon! Quand le feu est vert, le pisteur regagne son poste, souvent en haut du domaine.
Des blessures souvent sans gravité
Une permanence secours est tenue à tour de rôle. En cas d’alerte, un éclaireur va dresser un bilan complet de la victime et appellera du renfort; si c’est plus sérieux, il fera intervenir l’hélicoptère de la protection civile.
Dans la grande majorité des accidents, les blessures sont aux genoux, aux bras et aux épaules. La victime est évacuée sur un traîneau conduit par un pisteur seul, opération possible si le terrain n’est pas trop raide. Quand la pente est plus forte, vous aurez droit à la barquette: un traîneau piloté par deux pisteurs. Heureusement pour la victime, dûment ligotée dans cet engin profilé en aluminium, elle ne profite guère du voyage. Rassurez-vous toutefois, en cas de chute de l’un des pilotes ou des deux, une solide chaîne se libère et vient freiner le funeste équipage…
Embrasser la profession
Beaucoup de skieurs rêvent de rejoindre ces équipes de montagnards sauveteurs. Bien que les prérequis ne soient pas trop exigeants, il faut s’accrocher pour décrocher son diplôme.
Le candidat devra avoir obtenu au préalable la flèche de vermeil (temps défini en fonction d’un ouvreur dans un slalom géant), être âgé d'au moins 18 ans, titulaire de l’afps (attestation de formation aux premiers secours) et du CFAPSE (certificat de formation aux premiers secours en équipe).
Le niveau à ski sera évalué lors du «test technique», gros écueil pour les candidats. Chaque session accueille environ 200 personnes pour seulement une quinzaine sélectionnées. Le jury composé de pisteurs et de directeurs de pistes évalue l’efficacité, l’aisance en ski du candidat jugeant ainsi de son aptitude à exercer. Il s'ensuivra une formation de 3 semaines pour décrocher le brevet national de pisteur secouriste premier degré.
Formations et diplômes complémentaires
Le deuxième degré
Après deux ans d’activité, notre jeune pisteur peut prétendre à passer son «deuxième degré».
Notre candidat aura des connaissances plus pointues en neige et avalanche et pour diriger une équipe de secours lors d’une avalanche. La formation se déroulera cette fois à l’ENSA, la prestigieuse école nationale de ski et d’alpinisme.
Avec un peu de bouteille, notre pisteur tentera le troisième degré pour accéder aux fonctions de responsable du service des pistes. Fini le ski, à lui la paperasse, les problèmes juridiques, la règlementation et la gestion!
Observateur nivo-météo
La formation d’observateur nivo-météorologiste est assurée par le Centre d’Etudes de la Neige (Météo France) à St-Martin-d’Hères (Tel.04.76.63.79.00).
Artificier
Après deux saisons, le pisteur peut devenir artificier pour le déclenchement des avalanches. Il a les mêmes prérogatives qu’un artificier en carrière, sa formation se fait d’ailleurs sur ces sites mais il apprendra en plus le tir sur la neige. La formation est assurée par l’ANENA, Association Nationale de l’Etude de la Neige et des Avalanches à Grenoble.
Chaque pisteur sera tôt ou tard amené à pratiquer des tirs, n’oubliez pas que l’une de ses missions fondamentales est la prévention.
Ce versant du métier est le plus spectaculaire et le plus dangereux, le pisteur devant gérer à la fois des explosifs et le risque d’avalanche.
Pisteur maître-chien
«Un chien d’avalanche sans son maître n’est qu’un chien parmi tant d’autres. De même qu’un maître-chien sans son chien n’est qu’un être humain ordinaire parmi tant d’autres» explique Philippe Muller, pisteur secouriste et maître-chien à l’Alpe d’Huez. Sa disponibilité est totale pour se rendre n’importe quand sur le lieu d’une avalanche. Cette spécialisation est vraiment une vocation forte.
Il existe en France environ 180 équipes cynotechniques spécialisées pour la recherche de victimes d’avalanches. La majorité est basée dans les Alpes, une trentaine dans les Pyrénées, 6 dans le Massif Central, une dans les Vosges.
Et la rémunération?
En dépit de ce que l’on pourrait croire les pisteurs secouristes sont plutôt chichement payés. En intégrant toutes les primes, un pisteur secouriste premier degré ne peut guère espérer mieux que 1300 euros, c’est à dire moins qu’un conducteur de télésiège et à peine plus qu’un SMIC.
Pour en savoir plus sur les organismes formateurs en fonction de votre département, connectez-vous sur www.metier-sport.com qui dresse une liste exhaustive.
Nous vous suggérons de lire également les autres reportages de Sports-Hiver.com liés aux pisteurs secouristes: la gestion de la neige et les coulisses d'une station.
Photos: N.Cuche E. Beallet